The boy from the neighborhood (2018) – Ludovic Thiriez
Le titre de ce projet est To Repel Ghosts/Lettre au Père et il s’agit d’une recherche sur le masculin.
Je dirais que la questions qui inspirent cette recherche sont les suivantes: C’est quoi le masculin? Comment puis-je ‘libérer’ le masculin pour ne pas devoir y renoncer? Comment l’identité masculine peut-elle être une catégorie d’expérience plutôt qu’une catégorie d’appartenance? Comment peut-on retrouver un contact intime, personnel et non-normatif avec le masculin?
_____________________________
questions:
Grâce aux mouvements progressistes comme le féminisme et les mouvements queer, ou encore grâce aux études de genre, la prérogative masculine (et donc patriarcale) a été remise en question au bénéfice d’une émergence et d’une redéfinition au pluriel de ces “identités autres”. Toutefois, l’identité masculine, elle, n’a pas été redéfinie ni questionnée aussi profondément, en continuant à se définir à travers le rôle normatif qui lui est traditionnellement attribué.
De plus, en tant qu’identités autres, les identités non-masculines sont elles-aussi bien souvent définies comme des alternatives par rapport au monolithe identitaire masculin et patriarcal, qui reste donc le point focal de notre regard (soit celui-ci patriarcal ou antipatriarcal).
Et c’est justement en raison de sa fonction, pour ainsi dire, syntactique si le masculin demeure au-dessus du vivant et du réel, comme une catégorie “d’appartenance”, à laquelle les individus doivent adhérer (ils devront ‘se subsumer’) pour pouvoir se définir. Dans son ambition d’être exhaustive, la définition du masculin ne peut pas être perméable à la variété des vécus. Par conséquent elle ne se définit pas à partir des caractéristiques singulières relevant des individus qui en font expérience, mais fait plutôt appel à une iconographie abstraite de ce qu’il faut considérer masculin : un enchevêtrement arbitraire de caractéristiques, dont on prétend qu’elles soient logiquement et ontologiquement liées entre elles (typologie de corps, une certaine constitution physique, une certaine attitude ou posture, un rôle social, une certaine orientation sexuelle, un certain éventail de goûts et préférences etc.). Cette iconographie abstraite est justement ce qui permet à l’identité masculine ‘patriarcalisée’ d’être impermeable et exhaustive et d’exercer son autorité syntactique et grammaticale.
Or, si d’un côté la place qu’occupe le masculin au coeur de l’ordre social et logique détermine une prérogative, un privilège ou même un confort, de l’autre côté cette même prérogative est justement ce qui empêche aux individus masculins de pouvoir s’identifier à autre chose que ce rôle normatif : ils sont donc privés d’une vraie expérience d’eux-mêmes en tant qu’individus vivants ainsi que de la possibilité de décliner leur identité de façon intime et vivante, ou de la rebâtir à leur propre image.
Comment peut le masculin dépasser cette iconographie figée et aspirer lui-aussi à devenir une identité autre et plurielle, c’est-à-dire, une identité qui relève de la pluralité des vécus ? Et, en l’absence d’autorité logique sur les individus qui s’y reconnaissent, qu’est ce qu’il resterait de ce monolithe iconographique patriarcal, de cet “astre abstrait” auquel toute identité autre a été jusque-là obligée de se confronter pour pouvoir s’affirmer?
Un masculin avec le m minuscule : peut-être la clé pour une vraie culture de la pluralité.
_________________________________
Ce projet vise à la création d’une pièce chorégraphique. Il est constitué de deux lignes de recherche:
- la recherche en studio avec 1 interprète principale et un ‘intrus‘;
- la recherche sur le terrain à travers des ateliers avec des participants amateurs et volontaires sur l’expérience intime du masculin;
- un travail d’écriture de 12 textes autour du masculin, inspirés à des figures marginales, surtout féminines, ainsi que basés sur les rencontres dans le cadre des ateliers. Le 12 textes/figures orbitent idéalement autour du Père qui prend la parole pour un dernier monologue.
***
idée et création: Gennaro Lauro
perfomance: Silvia Mai, Gennaro Lauro
regard: Elisabetta Lauro
production: Compagnie Meta (France)
co-production: Associazione Sosta Palmizi (Italie)
partenaires: D.ID – Dance Identity/Burgenland (Autriche); Teatri di Vetro (Italie); HOME Centro Coreografico (Italie); Micadanses (Paris), IntercettAzioni/Teatro delle Moire (Italie), FabbricaEuropa (Italie).
accueilli par: CND – Pantin
calendrier résidences:
23 novembre – 10 décembre 2023 – D.ID – Dance Identity (Eisenstadt/Wien – Autriche)
27-31 janvier – CND Pantin – accueil studio (Pantin, France)
17-24 février – Home Centro Coreografico/Dance Gallery (Pérouse, Italie)
26 février – 9 mars 2024 – Associazione Sosta Palmizi (Cortona – Italie)
7 mars – ouverture publique – (Cortona – Italia)
11,16,22 mars 2024 – CND Pantin – accueil studio (Pantin, France)
3-12 juillet 2024 – Micadanses – résidence d’accompagnement (Paris, France)
9-14 septembre 2024 – Fabbrica Europa – résidence chorégraphique (Florence, Italie)
octobre-novembre 2024 – IntercettAzioni /Teatro delle Moire (Milan, Italie)
2-8 décembre 2024 – Composizioni/Teatri di Vetro – atelier sur le masculin -(Rome – Italie)